« Histoires diplomatiques », de Gérard Araud, et « Diplomate, pour quoi faire ? », de Jérôme Bonnafont, évoquent les missions de ce corps, parfois confronté à la gestion de crises internationales.
Dans son maître ouvrage Paix et guerre entre les nations (Calmann-Lévy, 1962), Raymond Aron rappelait que « l’ambassadeur et le soldat vivent et symbolisent les relations internationales », figures à la fois opposées et complémentaires.
L’agression russe contre l’Ukraine a remis la guerre sur le devant de la scène, obligeant les Européens à se confronter à une réalité des rapports de force qu’ils avaient longtemps préféré oublier. Mais arrivera nécessairement à plus ou moins long terme le moment de la négociation.
La diplomatie est un exercice difficile, alors que s’effondre l’ordre mis en place après la seconde guerre mondiale sous les coups de boutoir de puissances autoritaires telles que la Chine ou la Russie, décidées à remettre en cause la donne de l’après-guerre froide. Histoires diplomatiques et Diplomate, pour quoi faire ?, deux ouvrages écrits par des poids lourds du métier, apportent une stimulante réflexion sur les enjeux et les pratiques diplomatiques en temps de crises multiples.
« Les passions sont sans doute le pire ennemi des diplomates. Elles invoquent l’absolu là où tout est relatif ; elles substituent la morale à l’analyse et oublient les intérêts pour le beau geste. On les retrouve derrière chaque désastre », écrit Gérard Araud. Ancien ambassadeur, notamment à l’ONU et à Washington, il se revendique comme un tenant du « réalisme » en matière de relations internationales, école qui « se fonde sur la constatation que les Etats défendent leurs intérêts face à leurs voisins sur la base du rapport de force ».
Avec ce livre, il veut inciter « à tirer les leçons d’hier pour le monde d’aujourd’hui » et se propose de « nourrir le réarmement intellectuel de l’opinion publique française » face à la nouvelle donne du monde. Il se focalise sur dix moments diplomatiques-clés de l’histoire française, depuis la guerre de succession d’Espagne, au XVIIe siècle, jusqu’à l’invasion américaine de l’Irak, en 2003. Ce très médiatique ambassadeur retraité n’est pas un historien et ne prétend pas l’être. Chacune des synthèses historiques, avec bibliographie à l’appui, vise à amorcer une réflexion plus générale qu’il nourrit aussi de sa propre expérience.