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24 octobre 2021 – Le Point – Chronique de Gérard Araud

Gérard Araud – Nucléaire iranien : la balle est dans le camp de téhéran

CHRONIQUE. Joe Biden ne peut offrir mieux qu’une levée partielle et sans doute temporaire des sanctions pour tenter de convaincre les Iraniens. Suffisant ?

Après une douzaine d’années de négociations, lancées par la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne en 2003, et de sanctions votées par le Conseil de sécurité à plusieurs reprises, l’Iran a finalement accepté, en 2015, de signer un accord, appelé JCPOA, qui limitait et contrôlait un programme nucléaire qui était resté longtemps clandestin et présentait toutes les caractéristiques d’un projet militaire.

Les sanctions furent alors levées, tandis que l’Iran respectait ses obligations comme le vérifiait l’AIEA, l’Agence des Nations unies pour l’énergie atomique. Trump remit tout brutalement en cause en 2018 en dénonçant le JCPOA. Non seulement il rétablit les sanctions précédentes, mais il y en ajouta d’autres particulièrement punitives.

« Pression maximale »

Jamais, un pays n’avait subi une guerre économique de cette ampleur. Les entreprises européennes, sommées de choisir entre le marché américain et iranien, n’hésitèrent pas un instant et quittèrent hâtivement le second. L’Iran perdit 9 % de son PIB en 2019 mais tint bon et, comme on pouvait s’y attendre, relança son programme nucléaire au-delà des limites reconnues par l’accord. Le résultat paradoxal de cette politique américaine dite de « pression maximale » est donc que, aujourd’hui, jamais la République islamique n’a été à ce point proche de détenir la quantité d’uranium enrichi nécessaire pour construire une arme. Elle a accéléré ce qu’elle prétendait éviter.

C’est dans le contexte de cet échec qu’est arrivée l’administration Biden, où d’ailleurs le conseiller national de sécurité, Jake Sullivan, et le directeur général de la CIA, Bill Burns, avaient participé à la négociation de l’accord de 2015. Comme il l’avait annoncé durant la campagne électorale, le nouveau président fit état, dès les premières semaines de son mandat, de son intention de faire revenir son pays dans le cadre du JCPOA à condition naturellement que l’Iran en fasse autant.

Depuis lors, des négociations indirectes se sont ouvertes entre Américains et Iraniens par l’intermédiaire des Européens, des Russes et des Chinois, mais rien n’en est encore sorti. Il faut faire la part de l’élection présidentielle en Iran, en juin, et de l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle équipe à Téhéran qui ont mis les discussions au point mort durant l’été. Ce n’est que récemment que les négociations ont repris. C’est évidemment une bonne nouvelle, mais aujourd’hui, rien n’incline à l’optimisme.

 

Le Point

 

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