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Élections européennes : elles n’ont d’européennes que le nom

Ajoutez votre titre iciLA CHRONIQUE DE GÉRARD ARAUD. Le scrutin est malheureusement davantage un test des équilibres politiques nationaux que l’occasion d’aborder les grands enjeux.

Du 6 au 9 juin 2024, les électeurs des vingt-sept membres de l’UE seront appelés à renouveler le Parlement de l’Union. Voilà apparemment une belle occasion d’un débat démocratique à l’échelle de notre continent sur les principaux dossiers qui sont traités à l’échelle européenne. En réalité, il n’en sera rien. Sans forcer le paradoxe, le scrutin n’aura d’européen que le nom. En effet, les électeurs ne voteront pas pour des partis européens mais pour les formations habituelles qui structurent leur vie politique nationale. Ils ignorent d’ailleurs le plus souvent à quel groupe du Parlement de Strasbourg appartiennent celles-ci et, ce qui est encore plus grave, ils ne s’en préoccupent pas. Dans les faits, ce sera non l’occasion de retrouvailles européennes mais un test en grandeur nature des équilibres politiques nationaux du moment.

Bien plus, étant donné que les enjeux réels de leur vote restent flous du fait de l’ignorance générale du fonctionnement de l’Union, beaucoup d’électeurs manifesteront leur indifférence par une abstention qui risque d’être massive ce jour-là ou, au contraire, useront de cette occasion comme un « défouloir » pour manifester bruyamment un mécontentement dont la source est le plus souvent nationale. Ils ont l’impression de pouvoir le faire sans conséquence pratique identifiable. 42 % des électeurs européens seulement se sont rendus aux urnes en 2019.

En d’autres termes, près de soixante-dix ans après le traité de Rome, il n’existe pas encore aujourd’hui d’espace politique européen où Allemands, Français, Italiens et autres débattent ensemble des sujets qui sont effectivement de la compétence de l’UE. La majorité de nos concitoyens n’ont pas le sentiment d’élire des députés réellement européens mais des représentants dont ils attendent qu’ils défendent les intérêts français à Strasbourg.

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