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Frappes américaines au Yémen : la fable du clou et du marteau

LA CHRONIQUE DE GÉRARD ARAUD. Les raids menés par les États-Unis n’arrêteront pas les attaques des houthis. Pire, ils renforcent les ennemis de l’Occident.

Le scénario est désormais bien huilé. Que la sécurité de l’Occident soit compromise d’une quelconque façon et il y a de fortes chances qu’une pluie de missiles, plus ou moins fournie, s’abattra sur les coupables supposés. L’essentiel en est évidemment fourni par les États-Unis, avec un ou deux partenaires européens dans le rôle de figurants. En général, nul ensuite ne vient en estimer le nombre des victimes civiles, bien peu en analyser l’efficacité, et personne se préoccuper de l’impact sur les opinions publiques du Sud global.


Ce qui compte apparemment, c’est que l’Occident ait rappelé à la face du monde, encore plus qu’aux cibles de sa colère, qu’il dispose de la force et qu’il est disposé à en user ; c’est l’occasion de réaffirmer une suprématie militaire face à la montée des périls dans la conviction qu’elle repose sur une crédibilité qu’entamerait le moindre défi non relevé.

Quel peut être, sur le terrain, l’objectif politique et militaire de ces frappes ? En général, elles sont limitées ; elles affaiblissent mais n’annihilent pas les capacités de l’adversaire. Les premières revêtent donc, avant tout, un aspect politique. Elles constituent un avertissement pour contraindre l’autre partie à mettre un terme à ses agissements. Leur logique porte en elle une menace d’escalade. En effet, un pays s’enferme par là même dans une alternative si son avertissement n’est pas entendu : il doit alors soit augmenter la pression, frapper de nouveau et plus fort, soit renoncer et étaler ainsi son impuissance.

LE POINT