Le génie de Trump, ce fut d’avoir seul perçu la crise politique et sociale que traversait le pays alors qu’en 2015, tous les chiffres macroéconomiques étaient bons, voire très bons. Seul, il a alors compris la colère de millions d’Américains, seul il y a répondu, tout en l’alimentant de ses dénonciations et en la dirigeant vers ses adversaires. L’Amérique de Trump, c’est l’Angleterre du Brexit, la France des Gilets jaunes et l’Italie de la Lega ; ces petites villes victimes de la désindustrialisation, fruit de l’automatisation et de la globalisation, cette classe moyenne inférieure et cette classe ouvrière qui ne peuvent plus espérer que leurs enfants vivront mieux qu’eux, tous ceux qui ne reconnaissent plus un pays où les immigrés sont de plus en plus nombreux et où les homosexuels se marient.

Comme le Pas-de-Calais, autrefois fief communiste, a élu chez nous des députés d’extrême droite, ce sont des États ouvriers qui ont donné la victoire à Trump, en 2016. Son électorat, c’est l’alliance réussie des évangélistes et des « petits Blancs », comme chez nous, une partie Gilets jaunes, une autre Manif pour tous. Il n’est, au fond, que la manifestation américaine de la crise globale des démocraties occidentales où partout un nombre substantiel des électeurs ne fait plus confiance à un système politique qu’ils accusent de les ignorer, voire de les mépriser.