CHRONIQUE. Alors que Benyamin Netanyahou continue sa fuite en avant à Gaza et en Cisjordanie, Gérard Araud, ex-ambassadeur de France en Israël, revient sur l’initiative française en faveur de la Palestine.
Selon un ancien chef d’état-major israélien, le général Halevi, plus de deux cent mille Palestiniens auraient été tués ou blessés à Gaza depuis l’attaque perpétrée par le Hamas, le 7 octobre 2023. Un bilan d’autant plus tragique que l’opération militaire qui en est la cause est un échec puisque l’organisation terroriste contrôle toujours le territoire avec des capacités de nuisance, certes, réduites.
Refusant de tirer les leçons de l’impasse meurtrière dans laquelle il s’est ainsi enfermé, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a lancé l’armée contre l’avis de ses chefs dans un nouvel assaut dont l’objectif avoué est l’occupation totale de la bande de Gaza. Pour ouvrir la voie à l’infanterie, l’aviation et l’artillerie se livrent à une destruction systématique de tous les bâtiments qui restaient encore debout alors que la population n’a d’autre perspective qu’une errance sans fin dans un immense champ de ruines.
Par ailleurs, comme il l’avait déjà fait aux dépens des négociateurs iraniens en juin, Israël a lancé un raid aérien au Qatar pour éliminer l’équipe du Hamas qui y était chargée de parvenir à un accord sous supervision américaine fondé sur la fin des hostilités à Gaza en échange d’une libération des otages. Le message est clair : ce n’est pas celle-ci qui est l’objectif de Jérusalem mais une victoire militaire qui lui permette de disposer à sa guise de Gaza et de la Cisjordanie. D’ailleurs, Benyamin Netanyahou a déclaré publiquement qu’aucun État palestinien n’existerait jamais et que ces territoires « appartenaient à Israël ».
Les États-Unis – Trump ne faisant ni pire ni mieux que Biden – sont les spectateurs complaisants de cette course en avant. Il est vrai que, de leur côté, les monarchies du Golfe, bien qu’embarrassées après le raid sur Doha et conscientes de l’émotion que suscite dans leur opinion publique la situation des Palestiniens, ne vont jamais au-delà de faibles protestations.
Par ailleurs, comme il l’avait déjà fait aux dépens des négociateurs iraniens en juin, Israël a lancé un raid aérien au Qatar pour éliminer l’équipe du Hamas qui y était chargée de parvenir à un accord sous supervision américaine fondé sur la fin des hostilités à Gaza en échange d’une libération des otages. Le message est clair : ce n’est pas celle-ci qui est l’objectif de Jérusalem mais une victoire militaire qui lui permette de disposer à sa guise de Gaza et de la Cisjordanie. D’ailleurs, Benyamin Netanyahou a déclaré publiquement qu’aucun État palestinien n’existerait jamais et que ces territoires « appartenaient à Israël ».
Les États-Unis – Trump ne faisant ni pire ni mieux que Biden – sont les spectateurs complaisants de cette course en avant. Il est vrai que, de leur côté, les monarchies du Golfe, bien qu’embarrassées après le raid sur Doha et conscientes de l’émotion que suscite dans leur opinion publique la situation des Palestiniens, ne vont jamais au-delà de faibles protestations.
Une voie pour sortir de l’impasse
La Commission européenne évoque des sanctions, mais que faut-il attendre d’une organisation où les soutiens inconditionnels d’Israël, conduits par l’Allemagne, s’y opposent et feront tout pour les retarder et les vider de leur substance ? Le reste du monde peut donc contempler cette Europe volontiers sentencieuse, qui se veut le paladin du droit international, se taire devant la tragédie de Gaza.
Une dernière fenêtre de négociation
L’Autorité palestinienne non seulement en a fait de même, mais elle a annoncé son intention d’organiser des élections qui permettent son renouvellement afin qu’elle ait la légitimité nécessaire pour négocier avec Israël. Il est un fait que, si sanglante soit-elle, la tragédie a créé des opportunités pour sortir des ornières où s’était embourbé depuis longtemps le processus de paix. La population de Gaza clame son rejet du Hamas. Les Palestiniens sentent que ce serait la dernière chance qui leur serait offerte d’éviter l’alternative de l’expulsion ou de l’apartheid. L’Iran est trop affaibli pour peser.
Il serait facile d’énoncer les raisons pour laquelle l’initiative française est condamnée à l’échec, ne serait-ce que l’intransigeance d’un gouvernement israélien d’extrême droite, emporté par un messianisme mortifère avec le soutien des États-Unis. Mais Benyamin Netanyahou n’est pas éternel. Il faudra bien que, un jour, il rende des comptes à ses concitoyens et que les Israéliens aillent aux urnes. Il sera alors possible de leur présenter une perspective crédible d’une négociation qui bénéficie du soutien de tous leurs voisins. Toujours est-il qu’aujourd’hui, dans le silence honteux de la plupart de nos partenaires européens, la France ne s’enferme pas dans une condamnation légitime mais stérile d’Israël, mais tente de montrer de manière concrète qu’il existe une voie pour sortir les deux peuples de l’impasse dans laquelle ils sont enfermés. « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer », disait Guillaume le Taciturne…