CHRONIQUE. Joe Biden peut souffler : la vague républicaine n’a pas eu lieu et de nombreux protégés de Donald Trump ont été battus aux élections de mi-mandat.
ne fois de plus, les électeurs ont déjoué les projections des sondeurs. Pourtant, le cas semblait simple : aux États-Unis, depuis un demi-siècle, à l’exception de 2002, les élections à mi-mandat ont toujours été difficiles pour l’administration en place, qui y laisse le plus souvent des plumes.
De surcroît, avec une inflation de près de 9 %, une augmentation sensible de l’insécurité et une polémique incessante sur la question de l’immigration, les républicains pensaient n’avoir aucune difficulté pour mobiliser leur électorat. À la sortie des urnes, mardi soir, 54 % des électeurs se déclaraient d’ailleurs mécontents de Joe Biden. La cause semblait entendue, même chez mes amis démocrates les plus convaincus : les républicains allaient reprendre la Chambre des représentants et peut-être le Sénat.
Or, aujourd’hui, un jour après la fin du scrutin, on ne sait toujours pas qui l’emportera. Ce n’est pas seulement qu’une fois de plus les procédures électorales américaines nous rappellent à quel point elles sont archaïques et complexes, c’est que la vague républicaine que chacun attendait ne s’est pas concrétisée. La Chambre pourrait passer à droite, mais la majorité n’y serait que de quelques sièges et, au Sénat, tout reste possible.
Nous devrons sans doute attendre plusieurs jours avant de connaître les résultats définitifs, d’autant qu’il est assuré que les républicains multiplieront les recomptages et les contentieux, mais on peut déjà tirer quelques enseignements de ces élections.
Biden, candidat en 2024 ?
L’inflation qui semblait condamner le parti au pouvoir n’a pas été le facteur déterminant du scrutin que l’on attendait. En revanche, la décision de la Cour suprême de priver le droit à l’avortement de sa protection constitutionnelle a sans doute mobilisé une partie de l’électorat féminin.
Joe Biden n’est pas le vaincu que l’on annonçait déjà. Le voilà donc requinqué en tant que candidat potentiel à sa réélection en 2024, comme il semble l’envisager. Aujourd’hui, après ce bon résultat dans les pires circonstances, nul ne peut le pousser dehors. C’est lui et lui seul qui décidera. Il devra le faire vite : à 15 mois du début des primaires, il devient de plus en plus difficile de lancer une candidature alternative.
En revanche, chez les républicains, beaucoup voient déjà un vaincu en Trump, qui se faisait fort d’utiliser ces élections comme un tremplin vers une nouvelle candidature qu’il devait annoncer dès la semaine prochaine. Non seulement de victoire il n’y a pas, mais les candidats qu’il a soutenus ont subi des échecs retentissants, notamment en Pennsylvanie. Leur radicalisme a effrayé. Or, à droite, en face de lui, il y a bel et bien un vainqueur, c’est Ron DeSantis : il s’est fait triomphalement réélire gouverneur de Floride avec 15 points d’avance sur son adversaire. Le voilà conforté dans des ambitions présidentielles qu’il peine à dissimuler. Trump, qui a senti le danger, l’a d’ailleurs déjà publiquement critiqué. Encore faut-il qu’il franchisse le pas.