Alors que le ramadan a débuté sans trêve, le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, se disait, en début de semaine, « ouvert aux négociations ». Ancien ambassadeur de la France en Israël, Gérard Araud décrypte l’immense complexité du conflit israélo-palestinien, mêlant religion et politique avec l’histoire millénaire d’une terre. Il publie Israël, le piège de l’histoire, aux éditions Tallandier et était l’invité de la matinale.
Trêve entre Israël et le Hamas : « Je n’y crois pas », répond Gérard Araud
Depuis 2007, le Qatar est un soutien indéfectible du Hamas, sur le plan humanitaire, financier et politique. Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, est réfugié à Doha depuis 2012. Cette longue accointance a permis une survie du Hamas au fil des années et explique le rôle du Qatar dans les possibles négociations entre le Hamas et Israël.
Négociations entre le Hamas, le Qatar et Israël
Ces négociations espérées entre Israël et Hamas sont rendues possibles grâce aux relations étroites entre le Qatar et Israël notamment. Gérard Araud explique que les connivences entre le Qatar, le Hamas et Israël sont anciennes : « Pendant un temps, le gouvernement de Netanyahu a accepté que le Qatar finance le Hamas. Il y a avait une connivence entre Netanyahu et le Qatar.” Ces liens qui se sont créés depuis ces dernières années favorisent aujourd’hui les relations et les négociations entre ces pays.
Pour autant, plus d’acteurs sont concernés par ces négociations. Il y a les monarchies du Golfe, le Koweït, le Bahreïn, l’Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Yémen (anciennement monarchique) et les Émirats arabes-unis qui ne veulent pas d’une victoire du Hamas. « Les monarchies du Golfe sont concernées en particulier parce que le Hamas est un danger pour leur régime mais elles doivent prendre en compte l’opinion publique de leur nation qui est massivement propalestinienne”, explique l’ancien ambassadeur. Ces monarchies du Golfe ont un intérêt à mettre un terme à cette guerre.
Regains religieux de nature identitaire en Israël et dans le monde
En proie à des tensions religieuses depuis toujours, Jérusalem abrite selon Gérard Araud “le pire des religions. Les orthodoxes juifs crachent sur les pèlerins chrétiens. Les églises chrétiennes se battent dans l’enceinte du Saint-Sépulcre, les juif ne peuvent pas aller prier sur le Mont du Temple et certains veulent faire sauter le Dôme du Rocher.” Ces faits religieux sont marqués aussi par un renouveau dans les mœurs des jeunes. « Les jeunes juifs sont plus juifs que leurs parents”, affirme l’ancien ambassadeur. Jérusalem concentre toutes les tensions religieuses et est ,en un sens, le miroir du monde.
L’intensité renouvelée dans la pratique religieuse est en lien avec la crise des sociétés occidentales et une question identitaire. « Israël est un pays occidental, il y a eu au moins 5 élections en 3 ans. La démocratie libérale est en crise et s’étend jusqu’en Europe”, explique Gérard Araud. Il étend ses observations jusqu’à la France. Fondant sa théorie sur le manque d’enseignement de l’identité française, il montre que « les jeunes ont une identité de recours par la religion, chez les catholiques, les juifs ou les musulmans.” La jeunesse affirme donc un illibéralisme assumé au nom de la religion.
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