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L’Europe, condamnée au déclin ?

LA CHRONIQUE DE GÉRARD ARAUD. Le réveil est brutal pour l’Europe. Serait-elle devenue obsolète ? Les États-Unis s’éloignent et, inexorablement, l’Asie impose sa puissance.
Par Gérard Araud

L’Europe et les États-Unis dominent le monde depuis la fin du XVIIIe siècle, qu’ils le colonisent ou l’exploitent. Deux siècles, c’est court à l’échelle de l’histoire, mais long pour l’être humain, qui y voit une éternité destinée à durer. Oubliées les richesses de l’Inde et de la Chine longtemps supérieures à celles de la primitive Europe ; oubliés les caprices de la fortune.

L’Europe, sans doute aujourd’hui l’endroit où il fait le meilleur vivre, n’a pas vu ou n’a pas voulu voir la fragilité de son empire. Il est vrai qu’elle a pu compter sur un héritier qui lui a permis de se reposer sur ses lauriers, de vieillir confortablement dans les souvenirs de sa grandeur. Certes, les États-Unis sont parfois brutaux, maladroits et arrogants, mais ils ont assuré à notre continent la plus longue période de paix, de sécurité et de liberté depuis la chute de l’Empire romain. Le réveil aujourd’hui est d’autant plus brutal.

Voilà que non seulement notre environnement s’enflamme du Moyen-Orient au Sahel, qu’au sud la pression migratoire ne cesse de croître, que la guerre est de retour sur notre sol, mais voilà également que le protecteur américain se lasse et que nous découvrons que, dans notre douce torpeur, nous n’avons pas vu d’autres puissances émerger et affirmer leurs ambitions de parvenu face à nos prétentions de châtelain plus ou moins ruiné.

Le siècle du Pacifique
Obama le déclarait au magazine The Atlantic au moment de quitter la Maison-Blanche, en 2016 : l’avenir du monde se jouera entre Delhi et Los Angeles. Aux siècles de l’Atlantique succède celui du Pacifique dans une Asie où sont, pour des États-Unis essentiellement pragmatiques, les perspectives de croissance mais aussi le défi majeur que représente la Chine. Les Américains quittaient donc l’Europe sur la pointe des pieds lorsque l’agression russe en Ukraine les a rattrapés par les basques, mais, que Biden ou Trump soit élu, la différence sera de forme plus que de fond : l’un et l’autre n’accorderont qu’une attention limitée à notre continent. L’un claquera la porte, l’autre la fermera doucement. L’Europe ne leur apparaît plus que comme une périphérie où ne se joue pas l’essentiel.

 

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