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Ukraine – Macron ‘’droit dans ses bottes’’.

Dans le grand entretien de rentrée qu’Emmanuel Macron a accordé au Point, le président de la République donne sa vision de la guerre en Ukraine. C’est l’occasion de revenir sur la politique qu’il a suivie depuis le début du conflit ; c’est aussi celle de s’interroger sur sa cohérence depuis février 2022. 

Pourquoi cette seconde question ? Parce que nous constatons tous les jours qu’à situation extrême, font inévitablement écho des passions extrêmes. Comme je l’ai noté dans ma chronique précédente, Nicolas Sarkozy vient d’en faire l’amère constatation avec des propos il est vrai parfois maladroits. Lorsque des soldats se battent héroïquement contre l’envahisseur, lorsque des civils meurent sous les bombes, lorsque l’ennemi commet des atrocités, pour l’opinion publique, ce n’est pas le moment de réfléchir et de nuancer mais de soutenir inconditionnellement la victime et de maudire le meurtrier. Emmanuel Macron en a fait l’expérience dans les premiers mois de la guerre. Lorsqu’il a évoqué une négociation avec la Russie, lorsqu’il a affirmé qu’il ne fallait pas ‘’humilier’’ celle-ci, il a suscité une clameur unanime de protestation et d’indignation, en particulier chez nos partenaires d’Europe orientale. Le Premier Ministre polonais a cru alors bon de proclamer qu’on ‘’ne négocie pas avec Hitler’’.  Force est de conclure que le président français en a tiré la leçon en ‘’durcissant’’ son langage face à la Russie, comme le prouvent, en particulier, les discours qu’il a récemment prononcés, que ce soit à Munich en février, ou à Bratislava en mai et l’accélération de la livraison d’armes à l’Ukraine. Dans la tempête, le ‘’en même temps’’ rencontre rapidement ses limites…
N’oublions pas que toute politique étrangère n’est que pragmatisme enrobé de grands mots, navigation à vue dont on ne connait que la destination finale et encore… Il faut savoir ‘’tirer des bords’’ quand les vents sont contraires. C’est ce qu’a fait Emmanuel Macron, c’est ce qu’il devait faire.  Il n’engageait d’ailleurs pas ainsi l’avenir dans la mesure où le moment n’est pas à la négociation tant les deux ennemis veulent en découdre dans la conviction qu’ils peuvent l’emporter. A l’offensive russe a donc succédé la contre-offensive ukrainienne.  La première a échoué ; rien n’est politiquement possible avant que la seconde ne s’achève. Chaque crise suit son propre rythme qu’il faut sentir et dont il faut tenir compte. Agir à contretemps, trop tôt ou trop tard, c’est se condamner à l’échec. Parler aujourd’hui de négociation est non seulement inutile puisque les deux belligérants n’en veulent pas mais contreproductif puisque ce ne serait que donner aux bellicistes des deux camps l’occasion de clore définitivement le débat en imposant leurs conditions préalables à toute négociation.  C’est aujourd’hui le champ de bataille qui décide ; c’est donc là qu’il faut porter l’effort en soutenant l’Ukraine ; c’est la raison pour laquelle la France a récemment décidé de livrer des missiles à longue portée Scalp.
La question pouvait se poser de savoir si le ton nouveau d’Emmanuel Macron constituait une volteface de sa politique ou une adaptation aux circonstances. L’entretien avec Le Point permet d’y répondre. Il y déclare, en effet, que ‘’mon souhait, c’est que la contre-offensive des Ukrainiens puisse ramener tout le monde autour de la table de négociations pour faire émerger une solution politique dans des conditions plus favorables’’.  De quoi s’arracher les cheveux pour le Premier Ministre polonais….  Bien plus, il ajoute que ‘’il faudra vivre avec la Russie car on ne change pas la géographie’’. Certes, le président de la République entoure ses propos de précautions significatives en soulignant la responsabilité de Poutine dans la crise et le fait que la décision ultime appartient à l’Ukraine mais ces déclarations s’inscrivent pleinement dans la logique qui était la sienne dès le début du conflit. Au moment où certains appellent à une victoire totale de l’Ukraine, au rejet de la Russie dans ses steppes et au transfert de Poutine à un tribunal international, Emmanuel Macron, aujourd’hui comme hier, évoque la nécessité de négociations. Et qui dit négociations dit compromis. Loin de vouloir édifier un nouveau rideau de fer aux frontières occidentales de la Russie et de la Biélorussie, il rappelle l’importance de la première. On ne peut écrire l’histoire de l’Europe sans la Russie.
Le cap d’Emmanuel Macron n’a donc pas changé de cap même si les circonstances militaires et politiques ont exigé des adaptations de la politique qu’il suit. Il a compris également que la tentation bien française de monter facilement sur la scène exposait à y recevoir des tomates. Le silence a du bon, ce qu’à l’image de ses prédécesseurs, il rencontrait jusqu’ici des difficultés à admettre. Il a tiré les premiers bénéfices de son pragmatisme au sommet de l’OTAN où il a laissé les Etats-Unis encourir l’opprobre de bloquer pour le moment la candidature de l’Ukraine à cette organisation. Il attend l’heure dont nul ne sait si elle viendra de reprendre l’initiative pour mettre un terme aux combats. Il ne serait alors pas seul. Les Etats-Unis et l’Allemagne mais aussi de nombreux autres pays européens ne seraient que trop heureux que s’engage une négociation.
 
Dans le grand entretien de rentrée qu’Emmanuel Macron a accordé au Point, le président de la République donne sa vision de la guerre en Ukraine. C’est l’occasion de revenir sur la politique qu’il a suivie depuis le début du conflit ; c’est aussi celle de s’interroger sur sa cohérence depuis février 2022.
Pourquoi cette seconde question ? Parce que nous constatons tous les jours qu’à situation extrême, font inévitablement écho des passions extrêmes. Comme je l’ai noté dans ma chronique précédente, Nicolas Sarkozy vient d’en faire l’amère constatation avec des propos il est vrai parfois maladroits. Lorsque des soldats se battent héroïquement contre l’envahisseur, lorsque des civils meurent sous les bombes, lorsque l’ennemi commet des atrocités, pour l’opinion publique, ce n’est pas le moment de réfléchir et de nuancer mais de soutenir inconditionnellement la victime et de maudire le meurtrier. Emmanuel Macron en a fait l’expérience dans les premiers mois de la guerre. Lorsqu’il a évoqué une négociation avec la Russie, lorsqu’il a affirmé qu’il ne fallait pas ‘’humilier’’ celle-ci, il a suscité une clameur unanime de protestation et d’indignation, en particulier chez nos partenaires d’Europe orientale. Le Premier Ministre polonais a cru alors bon de proclamer qu’on ‘’ne négocie pas avec Hitler’’.  Force est de conclure que le président français en a tiré la leçon en ‘’durcissant’’ son langage face à la Russie, comme le prouvent, en particulier, les discours qu’il a récemment prononcés, que ce soit à Munich en février, ou à Bratislava en mai et l’accélération de la livraison d’armes à l’Ukraine. Dans la tempête, le ‘’en même temps’’ rencontre rapidement ses limites…
N’oublions pas que toute politique étrangère n’est que pragmatisme enrobé de grands mots, navigation à vue dont on ne connait que la destination finale et encore… Il faut savoir ‘’tirer des bords’’ quand les vents sont contraires. C’est ce qu’a fait Emmanuel Macron, c’est ce qu’il devait faire.  Il n’engageait d’ailleurs pas ainsi l’avenir dans la mesure où le moment n’est pas à la négociation tant les deux ennemis veulent en découdre dans la conviction qu’ils peuvent l’emporter. A l’offensive russe a donc succédé la contre-offensive ukrainienne.  La première a échoué ; rien n’est politiquement possible avant que la seconde ne s’achève. Chaque crise suit son propre rythme qu’il faut sentir et dont il faut tenir compte. Agir à contretemps, trop tôt ou trop tard, c’est se condamner à l’échec. Parler aujourd’hui de négociation est non seulement inutile puisque les deux belligérants n’en veulent pas mais contreproductif puisque ce ne serait que donner aux bellicistes des deux camps l’occasion de clore définitivement le débat en imposant leurs conditions préalables à toute négociation.  C’est aujourd’hui le champ de bataille qui décide ; c’est donc là qu’il faut porter l’effort en soutenant l’Ukraine ; c’est la raison pour laquelle la France a récemment décidé de livrer des missiles à longue portée Scalp.
La question pouvait se poser de savoir si le ton nouveau d’Emmanuel Macron constituait une volteface de sa politique ou une adaptation aux circonstances. L’entretien avec Le Point permet d’y répondre. Il y déclare, en effet, que ‘’mon souhait, c’est que la contre-offensive des Ukrainiens puisse ramener tout le monde autour de la table de négociations pour faire émerger une solution politique dans des conditions plus favorables’’.  De quoi s’arracher les cheveux pour le Premier Ministre polonais….  Bien plus, il ajoute que ‘’il faudra vivre avec la Russie car on ne change pas la géographie’’. Certes, le président de la République entoure ses propos de précautions significatives en soulignant la responsabilité de Poutine dans la crise et le fait que la décision ultime appartient à l’Ukraine mais ces déclarations s’inscrivent pleinement dans la logique qui était la sienne dès le début du conflit. Au moment où certains appellent à une victoire totale de l’Ukraine, au rejet de la Russie dans ses steppes et au transfert de Poutine à un tribunal international, Emmanuel Macron, aujourd’hui comme hier, évoque la nécessité de négociations. Et qui dit négociations dit compromis. Loin de vouloir édifier un nouveau rideau de fer aux frontières occidentales de la Russie et de la Biélorussie, il rappelle l’importance de la première. On ne peut écrire l’histoire de l’Europe sans la Russie.
Le cap d’Emmanuel Macron n’a donc pas changé de cap même si les circonstances militaires et politiques ont exigé des adaptations de la politique qu’il suit. Il a compris également que la tentation bien française de monter facilement sur la scène exposait à y recevoir des tomates. Le silence a du bon, ce qu’à l’image de ses prédécesseurs, il rencontrait jusqu’ici des difficultés à admettre. Il a tiré les premiers bénéfices de son pragmatisme au sommet de l’OTAN où il a laissé les Etats-Unis encourir l’opprobre de bloquer pour le moment la candidature de l’Ukraine à cette organisation. Il attend l’heure dont nul ne sait si elle viendra de reprendre l’initiative pour mettre un terme aux combats. Il ne serait alors pas seul. Les Etats-Unis et l’Allemagne mais aussi de nombreux autres pays européens ne seraient que trop heureux que s’engage une négociation.