Anthony Samradi, Gérard Araud et Isabelle Lasserre étaient les invités de Léa Salamé et Nicolas Demorand ce lundi 6 juin. Ils apportent leur éclairage sur la situation entre Israël et l’Iran.
Anthony Samrani, co-rédacteur en chef de l’Orient le jour
Gérard Araud, diplomate français
Isabelle Lasserre, journaliste française
Les tirs de missiles se poursuivent entre Israël et l’Iran. L’armée israélienne mène depuis vendredi une série de frappes sans précédent sur l’Iran avec l’objectif affiché d’empêcher la République islamique d’obtenir la bombe atomique. L’Iran a riposté par des salves de missiles balistiques et de drones. Ces attaques ont fait au moins 224 morts en Iran depuis vendredi et plus d’un millier de blessés, a annoncé dimanche le ministère de la Santé. Côté israélien, le bilan des ripostes iraniennes est d’au moins 17 morts et près de 400 blessés, selon la police et les secours.
« Israël s’attaque aujourd’hui à la tête de la pieuvre », estime la journaliste Isabelle Lasserre, correspondante du « Figaro ». « On a sous-estimé en Europe la puissance du choc qu’ont constitué les massacres du 7-Octobre. Israël considère qu’il est désormais absolument impossible de vivre près de tout groupe manipulé par les Iraniens et qu’il faut décapiter ce régime qui nourrit le chaos depuis très longtemps dans la région. »
« La puissance la plus déstabilisatrice aujourd’hui au Moyen-Orient, c’est Israël »
C’est « une étape supplémentaire dans une longue séquence, où à la suite des atrocités du 7-octobre, Israël a décidé de bouleverser l’ordre régional, considérant que le statu quo était insupportable », explique le diplomate, ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, Gérard Araud. « Ce qui me frappe beaucoup, c’est que nous avons une accumulation de succès tactiques d’Israël et la question qui se pose est : qu’est-ce qu’Israël veut construire comme nouvel ordre ? Quel est le politique ? Parce qu’une victoire, ce n’est pas seulement sur le champ de bataille. »
« La guerre n’a pas commencé jeudi. Elle est là depuis des décennies, se joue dans l’ombre et depuis jeudi, elle a pris d’autres dimensions », ajoute Anthony Samrani, co-rédacteur en chef de « L’Orient-Le Jour ». « C’est une guerre qui va changer le visage de la région, c’est probablement la fin de l’ère iranienne. Je comprends qu’on puisse s’en réjouir compte tenu de ce qu’a été l’Iran dans la région. Mais c’est aussi le début de l’ère israélienne et je pense que c’est quelque chose d’extrêmement inquiétant », dit-il, estimant que « la puissance la plus déstabilisatrice aujourd’hui au Moyen-Orient, c’est Israël ». « La puissance qui est en train de commettre a minima un nettoyage ethnique à Gaza, qui accélère la colonisation de la Cisjordanie, qui bombarde à sa guise et en toute impunité le Liban et la Syrie, qui veut redessiner les frontières de la région, sans avoir aucun projet politique autre que la loi du plus fort à offrir aux peuples de la région, c’est Israël », ajoute-t-il.
